Les colocataires
Accueillir des colocataires bienveillants dans notre esprit
Imaginez qu’on vous offre un magnifique appartement dans la ville de votre choix, avec une seule condition : le partager avec un colocataire. Quelle belle opportunité, n'est-ce pas ?
Maintenant, imaginez que deux personnes se présentent à vous pour occuper cet espace.
La première personne ne tarit pas d’éloges sur la qualité de l’appartement. Elle est enthousiaste à l’idée de cohabiter avec vous, loue les atouts de l’endroit, vous trouve sympathique et promet d’être une bonne compagnie. Plutôt engageante, n’est-ce pas ?
En revanche, la deuxième personne est constamment critique. Elle se plaint de l’agencement, de la luminosité, des couleurs des murs. C'est un personnage grincheux qui ne peut s’empêcher de formuler des jugements tranchants sur tout ce qui ne correspond pas à ses standards. Beaucoup moins agréable, n’est-ce pas ?
Sans surprise, la première personne serait probablement votre choix. Mais qu’en est-il de l'appartement qui, dans cette métaphore, représente notre psychisme ?
En effet, nous hébergeons en nous de nombreuses facettes, des petites voix et des comportements qui nous influencent au quotidien.
Il semble que bien plus souvent, nous accueillons dans notre espace mental des colocataires grincheux, plutôt que des hôtes bienveillants. Que cela peut être pesant de partager notre esprit avec des entités de peur et de colère, ces voix critiques qui nous rabaissent et imposent leur loi dans notre confortable demeure intérieure.
N’est-il pas temps de faire le ménage et de laisser la place à des hôtes bienveillants ?
Je vous invite à prendre conscience de ces voix indésirables lorsque vous les entendez. Accueillez-les poliment, mais raccompagnez-les à la porte et fermez-la à double tour.
Chaque fois que des pensées telles que "tu es nul", "tu n’y arriveras pas", ou "tu es moins bien que les autres" surgissent, soyez vigilant et montrez-leur la sortie !
Si nous ne prenons pas soin d’être doux, patients et indulgents envers nous-mêmes, comment pourrions-nous faire face au monde extérieur, qui parfois nous bouscule et exige de nous des ressources intérieures considérables ?
Nous critiquons souvent avec juste raison les jugements des autres à notre égard, mais avouons-le : la plupart du temps, ces jugements sont bien moins sévères que ceux que nous nous infligeons.
Alors, comment changer cela ?
Il est essentiel d’adopter une démarche réfléchie et minutieuse. Cela implique d'accorder du temps aux petites choses tout autant qu’aux plus grandes. En résumant, cela revient à un véritable travail sur soi. Pour ce faire, engageons-nous à accueillir nos pensées et émotions avec bienveillance, à nourrir des voix positives et réconfortantes.
N'oublions pas, notre appartement mental mérite des colocataires qui enrichissent notre vie, pas ceux qui la compliquent. Mettons en place un environnement intérieur apaisant et accueillant.
Pour avancer vers ce changement, la première étape est l'écoute. Écoutons-nous vraiment, puis choisissons avec soin les voix que nous souhaitons inviter dans notre vie.
Jardinez !
Alors, vous vous demandez sans doute comment procéder pour opérer ce changement intérieur ?
J'aime rappeler à mes patients que transformer notre psychisme requiert un travail minutieux, quotidien. Il s'agit d'accorder du temps aux petites choses autant qu'aux plus grandes. En un mot, c'est un véritable travail de jardinage.
Pour faire le ménage dans notre esprit et nous débarrasser des mauvais colocataires, il est essentiel de développer notre capacité à identifier, à chaque instant, les pensées qui ne nous appartiennent pas. Ces pensées proviennent souvent de ces entités qui ne contribuent ni à notre épanouissement ni à notre bonheur.
Il ne s'agit pas de refouler nos émotions, bien entendu, mais plutôt de se défaire des pensées négatives qui y sont associées. Prenons un exemple : la peur. Elle peut nous protéger en nous rendant vigilants, par exemple, lorsque nous devons traverser une route. En revanche, une pensée de peur telle que "je n’y arriverai jamais" n’apporte rien de constructif; elle a même pour effet de nous figer sur place, nous empêchant d’agir.
De même, une émotion de colère peut être un signal important, nous avertissant que quelque chose ne cadre pas avec nos valeurs ou nos croyances. Cependant, une pensée de colère qui rumine ne fait qu’entretenir un stress inutile, sans réellement contribuer à la résolution du problème à l’origine de cette colère.
Ainsi, il est crucial de pratiquer ce jardinage mental : désherbez ce terrain hostile en éliminant les pensées limitantes. Cela permettra à la terre fertile de votre personnalité de prospérer davantage et de donner lieu à un épanouissement florissant.
En cultivant des pensées positives et bienveillantes, nous créerons un environnement interne qui favorise notre bien-être. N'oublions pas que notre esprit mérite d’être un havre de paix, peuplé de colocataires qui nous soutiennent et nous élèvent.